Professionnal – The Weeknd ♪

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Le cœur. Organe vital inondé par un océan de sentiments. Siège suprême de nos émotions. Maître de nos âmes meurtries. A la fois si puissant et si fragile, le sien venait d’être percé par un flot de haine. Une flèche empoisonnée lui avait été tirée, ébréchant la fine paroi qui le protégeait.

Adossé contre le mur brunâtre du couloir et les bras fièrement croisés contre mon torse, j’assistais à la scène sans bouger le moindre petit doigt. Je regardais cette fille, qui m’étais inconnue, saigner cette infinie tristesse qui l’habitait. Je n’avais jamais vu un tel désespoir de ma vie. Non, jamais je n’avais vu un être humain aussi abattue qu’elle.

Sa détresse, je la ressentais au plus profond de mon être. Elle parcourait chaque parcelle, chaque veine, chaque membre de mon corps tant elle était immense. Cette sensation aussi étrange soit-elle en devenait indescriptible de par son paroxysme absolue.

Les yeux rougis, il était facile de deviner que cela faisait plusieurs jours qu’elle était dans cet état. Plusieurs jours, voire plusieurs semaines et peut être même plusieurs mois. Toujours avec cet air maussade encré sur son visage, elle affrontaient le regard noir de Rileigh. Ses iris foncés lui imploraient sa clémence, lui priait une once de pitié pour sa petite personne ce qui se révélait être une belle preuve d’humilité.

Je portai à mon tour mes yeux sur celle-ci, désireux de voir la réaction qu’elle allait avoir. Sans grand étonnement, je devinai par le rictus diabolique qu’elle affichait sur ses lèvres, son inaptitude à accepter cette requête. Au contraire, elle jubilait de voir cette jeune fille dévaster par le chagrin.

C’était la première fois que je l’a voyait ainsi. Et pourtant, cette jolie tête blonde était réputée pour être une vraie petite garce, qu’il valait mieux ne pas être dans son collimateur. Une autre facette de sa personnalité venait d’être révélée ou plutôt, ce caractère méchant qu’on lui connaissait si bien avait évolué, atteint un niveau imaginable au plus grand damne de sa future victime qui allait en baver.

Tout d’un coup, l’inconnue baissa les yeux. Elle semblait fatiguée de mener cette ridicule bataille du regard qui l’achevait plus qu’autre chose. Elle resta un instant comme ça, léthargique, à fixer le sol qui devait lui paraître bien instable à présent, puis étonnement, plongea ses yeux marrons dans les miens.

A cet instant, j’aurais aimé ne jamais les croiser car j’avais en face de moi un cadavre vivant qui puait le malheur à des kilomètres. Son âme pourrissait sous mes yeux, dévorée par les insectes du désarroi. Ce que je ressentais quelques secondes plutôt n’était rien comparer à maintenant. Je vivais plus que tous son fléau, son chaos intérieur qui lui rongeait les os.

Son regard se fit de plus en plus insistant, ce qui, je l’avoue, me perturba légèrement. C’était comme si elle essayait de lire en moi, de traverser cette carapace que je m’étais forgé. Que me voulait-elle ? Pensait-elle que j’allais la sauver de cette situation désastreuse ? Si c’était le cas, elle se trompait de sauveur. Je n’étais pas un héros. Je ne pouvais m’occuper d’éradiquer ses démons car j’étais malheureusement embringuer dans un combat contre les miens.